Béatrice Schobbens Aucun commentaire

Les personnes présentes ce mercredi à l’UWE pour un nouvel « 90 minutes pour la mobilité » ont été embarquées par Damien Deroanne, fondateur de Double-D Consult, dans un voyage futuriste à la découverte d’un avenir ultra connecté, où toutes les voitures seraient autonomes.

À quoi ressemblera notre futur ? À ce stade, toute prédiction doit être envisagée avec précaution. Lorsqu’en 1989, dans « Retour vers le Futur 2 », les concepteurs du film se représentaient la vie en 2015, ils imaginaient notamment des cabines téléphoniques et des fax avant-gardistes qui nous font sourire aujourd’hui. Et pour cause, à l’époque, on n’avait tout simplement pas anticipé la révolution que seraient les téléphones portables et les smartphones. En réalité, le film illustre parfaitement l’erreur que nous faisons quand nous devons anticiper le futur : nous raisonnons en fonction de ce que nous connaissons et de ce qui fonctionne aujourd’hui. Nous nous projetons nous-mêmes dans le futur (moi, jamais, je ne me laisserai conduire par une machine), alors qu’il faudrait anticiper les besoins des générations déjà là ou en devenir (mes enfants connaissent les drones, se laissent véhiculer par Uber… et si l’un et l’autre fusionnaient ?). Les véhicules autonomes sont à notre porte, prêts à embarquer les générations Y et Z.

Mais au fond, qu’est-ce qu’un véhicule autonome ?

En Europe, on classifie les véhicules en 6 niveaux d’autonomie :

  • Le niveau 0, sans aucune forme d’assistance à la conduite, n’existe pour ainsi dire plus. Aujourd’hui, toutes les voitures ou presque sont équipées de série de la direction assistée et de l’ABS.
  • Le niveau 1 – la voiture est équipée d’au moins 1 un système d’assistance comme le système de freinage d’urgence, le cruise control ou le maintien dans les bandes de conduite – est à ce jour très répandu.
  • Le niveau 2 concerne les véhicules qui ont au moins deux systèmes d’assistance qui se combinent. C’est par exemple le cas de l’autopark : une fois la place de parking repérée, on passe en pilote automatique, la voiture choisit sa vitesse et sa direction pour se garer parfaitement, sans intervention du conducteur.
  • A partir du niveau 3, on peut commencer à parler de véhicule autonome. Dans certaines conditions prédéfinies, la voiture ne requiert pas d’intervention du conducteur, mais celui-ci doit rester attentif, prêt à reprendre la main à tout moment.
  • A partir du niveau 4, le conducteur peut ne plus prêter attention à la route.
  • Au niveau 5, le véhicule n’a plus de conducteur humain et ne lui laisse plus la possibilité de prendre le contrôle (ni volant ni frein). Cela vous paraît futuriste ? Les navia, navettes autonomes de niveau 5, existent déjà dans certaines villes, aéroports et parcs d’attractions. Elles sont pour le moment limitées à une vitesse 25 km/h et ne circulent que dans certaines zones, mais cela pourrait rapidement évoluer.

Les véhicules de niveau 3 à 5 sont ceux que l’on considère comme autonomes

Quelles conséquences ?

Si la voiture autonome devait être notre réalité de demain, quelles seraient les répercussions sur notre quotidien et la société telle que nous la connaissons ? En premier lieu, le métier de constructeur automobile serait évidemment impacté : aujourd’hui, les constructeurs s’associent entre eux pour faire face à la concurrence, nouent des partenariats avec des firmes spécialisées dans les systèmes d’assistance à la conduite (en anglais Advanced Driver-Assistance Systems ou ADAS), mais aussi sont approchés par les géants du Net, les GAFAs (Google, Apple, Facebook, Amazon). Bien d’autres secteurs seront touchés : les assurances, les taxis, les transports en commun, l’e-commerce et les livraisons…

Tout cela impactera aussi grandement notre quotidien : la voiture pourra être facilement partagée ou au contraire devenir une extension de notre salon. On pourra y travailler, y prendre son petit-déjeuner ou y regarder des films. Plus besoin de conduire les enfants à l’école et à leurs activités : la voiture pourra s’en charger seule. Inutile aussi de chercher une place de parking : la voiture ira d’elle-même se stationner et pourquoi pas en-dehors des villes dans de vastes zones de parking, permettant un complet réaménagement des centres-villes.

En outre, les impacts sur les nuisances liées au secteur automobile (la sécurité, les émissions, le trafic et l’accès à la propriété) pourraient donc, selon la manière dont nous encadrons cette innovation, être énormes ou négligeables. Concernant la sécurité routière tout d’abord… Aujourd’hui, la route représente annuellement 55 millions d’accidents faisant 33 millions de blessés et 1,2 million de morts. Les tests de voitures autonomes montrent une accidentalité bien plus faible au km parcouru : on passerait à 1000 morts, soit 1 sur 1 milliard. Mais le traitement médiatique qui est fait autour de chaque accident avec une voiture autonome donne une fausse impression de danger, ce qui sera sans aucun doute un frein au développement de cette technologie. L’impact de ces véhicules autonomes sur les émissions de CO2 devrait être lui aussi positif. Ces voitures seront très probablement électriques. Elles se chargeront seules, par induction, ce qui répond au concept même de véhicule autonome (ce qui ne serait pas possible avec des carburants liquides). Certes, il faudra augmenter massivement la production électrique et réfléchir à la gestion du cycle de vie des batteries, mais l’impact global en termes de pollution devrait être positif, pour peu que ces évolutions soient anticipées. Les centres-villes seront débarrassés des particules fines, la pollution étant déplacée et contenue au niveau des centrales électriques. Concernant le trafic, et l’accès à la mobilité, deux schémas pourraient se dessiner : soit on entre dans un modèle de véhicules partagés (par covoiturage ou usage successif de la voiture par différentes personnes), ce qui fluidifiera le trafic et permettra de partager les coûts ; l’idée de Mobility as a Service (MaaS) s’inscrivant bien dans cette vision. Soit on reste dans le modèle actuel et l’on renforce encore une dépendance à la voiture, qui, devenue encore plus confortable, déforce tous les autres modes de transport.

Quels dangers ?

Ce futur utopique n’est évidemment pas sans risque. Les voitures autonomes sont des systèmes informatiques connectés, qui pourraient donc être hackés. La question de la vie privée se pose également, ainsi qu’un potentiel risque sanitaire lié aux très nombreuses ondes nécessaires au fonctionnement de ces véhicules. La transition ne se fera pas sans heurts non plus au niveau social : de nombreux emplois seront perdus (taxis, livreurs, courtier auto, auto-écoles…) et d’autres seront créés.

Double-D Consult propose des workshops pour examiner les impacts pour votre secteur d’activité. On y sera vite (dans 10 ans !) autant s’y préparer.