Olivia Boever Aucun commentaire

La forte augmentation des prix des carburants impacte l’ensemble de la population. Pour certains, elle est véritablement devenue problématique tant elle pèse sur le budget. Dans certaines entreprises aussi, les frais de carburant de la flotte explose.

Que peut faire dès lors un employeur pour aider ses travailleurs dans une situation comme celle que nous vivons aujourd’hui ? Il peut créer au sein de son organisation les conditions de mise en œuvre d’une mobilité qui n’est plus centrée uniquement sur la voiture. Il peut donner accès à ses employés à une mobilité multimodale et durable.

Dans cet article, nous allons évoquer les principales pistes d’action.

Sachez aussi que c’est la mission la Cellule Mobilité de l’UWE depuis 20 ans d’aider les entreprises à enclencher ce processus et de répondre à leurs questions en la matière.

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Il existe aussi de nombreux opérateurs de mobilité (que nous mentionnons dans l’article) et des bureaux d’étude spécialisés en mobilité qui peuvent quant à eux répondre à des missions plus complexes ou plus spécifiques.

Le télétravail

Permettre aux collaborateurs dont la fonction s’y prête de travailler plusieurs jours par semaine depuis leur domicile est une réponse pertinente à la cherté actuelle des carburants.

La marche

Valoriser la marche à pied pour des petits trajets ou pour les premiers et derniers kilomètres est une démarche de mobilité basique à promouvoir.

Le vélo

Promouvoir les déplacements domicile-travail à vélo est une option intéressante pour les travailleurs qui habitent jusqu’à 15 km de l’entreprise.

La micromobilité

Faciles à ranger dans un train, un bus ou le coffre d’une voiture, les engins de micromobilité s’utilisent souvent pour réaliser les premiers ou derniers kilomètres d’un trajet en combinaison avec un autre mode de transport.

Les transports en commun

Pour peu que l’entreprise se trouve elle aussi à proximité d’un arrêt, les transports en commun peuvent devenir des alternatives crédibles à la voiture et une réponse à la crise des prix des carburants.

La voiture autrement

Le covoiturage et l'éco-conduite sont deux mesures qui permettent de réduire les coûts du carburant, respectivement en les divisant entre les covoitureurs et en réduisant la consommation.

1. Éviter les déplacements : le télétravail et les NWOW (New Ways of Working)

Le télétravail

Imposé dans le contexte de la pandémie de Covid 19, le télétravail s’est aujourd’hui fortement répandu. Il a convaincu de nombreux travailleurs et employeurs. S’il avait sa raison d’être et son utilité pour éviter les contaminations, il a aussi un rôle à jouer dans la crise actuelle de l’énergie. Permettre aux collaborateurs dont la fonction s’y prête de travailler plusieurs jours par semaine depuis leur domicile est une réponse pertinente à la cherté actuelle des carburants, surtout pour les personnes qui habitent loin de leur lieu de travail.

Il y a lieu de distinguer plusieurs types de télétravail :

  • Le télétravail occasionnel est une forme d’organisation ou de réalisation d’un travail (surtout intellectuel) qui aurait pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, mais qui, grâce aux technologies de l’information, est effectué au domicile du travailleur ou en tout autre lieu choisi par lui, de façon irrégulière et occasionnelle. Ce type de télétravail peut être invoqué en cas de force majeure (grève des transports en commun, intempéries…) ou pour des raisons personnelles, mais toujours avec l’accord de l’employeur. Le cadre légal pour ce type de télétravail se trouve dans la loi du 5 mars 2017.
  • Le télétravail structurel quant à lui est réglé par la CCT n°85 du Conseil National du Travail parce qu’il permet aux collaborateurs d’une organisation de travailler régulièrement (un ou plusieurs jours par semaine) depuis leur domicile. L’employeur doit alors, sous la forme d’un avenant au contrat de travail, faire signer un accord écrit à l’employé. Cet accord mentionne la fréquence du télétravail, les horaires, le ou les lieux de télétravail, les moments auxquels de travailleur doit être joignable, les équipements fournis et les indemnités, l’assurance…
  • Le télétravail en raison du Covid-19 est défini et réglementé dans la CCT 149 (valable jusqu’au 31 mars 2022) pour toutes les entreprises qui n’avaient encore de règlement de télétravail au 1er janvier 2021. À la différence des deux autres types de télétravail, celui-ci ne s’organise pas sur une base volontaire : il est obligatoire ou recommandé.

Indemnité de télétravail

L’employeur peut accorder aux travailleurs qui télétravaillent de manière structurelle et régulière une indemnité forfaitaire de bureau de maximum 134,71 € /mois. Cette indemnité est exonérée de précompte professionnel et de cotisations de sécurité sociale. Elle vise à couvrir les frais d’utilisation de l’habitation privée comme bureau (chauffage, électricité, assurances, précompte immobilier…), les coûts du petit matériel de bureau, l’entretien…

Remarques :

  • L’employeur n’est pas obligé d’octroyer cette indemnité ni de payer la totalité de ce montant.
  • Si le montant de l’indemnité est supérieur à 134,71 €/mois, l’employeur doit être en mesure de prouver qu’il s’agit de frais réels. Sinon, ce montant sera soumis au précompte professionnel et aux cotisations d’ONSS.
  • Il n’y a pas d’indemnité en cas de télétravail occasionnel.

Mise à disposition de matériel de bureau

L’ordinateur, la connexion internet, le GSM, le deuxième écran, la chaise de bureau, le matériel de bureau… mis à disposition du télétravailleur par son employeur sont considérés fiscalement comme des dépenses exonérées d’impôt et d’ONSS. Par contre, si le télétravailleur les utilise aussi à des fins privées, un avantage de toute nature (ATN) lui sera demandé. Le montant est déterminé en fonction du pourcentage de l’utilisation réelle, soit au forfait.

Si le télétravailleur utilise son propre matériel (ordinateur, périphériques, connexion internet), l’employeur doit alors rembourser l’utilisation professionnelle de cet équipement privé soit sous la forme d’un forfait mensuel de 20 € pour l’ordinateur et de 20 € pour l’internet ; soit en frais réels (mais alors l’employeur doit prouver que le remboursement correspond aux frais strictement professionnels de l’usage de la connexion internet ou de l’ordinateur ; ce qui dans la pratique est assez compliqué).

Pour vous aider

Une boîte à outils pour le télétravail : https://www.teletravailler.be/

Les secrétariats sociaux sont vos partenaires pour mettre en place le télétravail structurel.

Les bureaux satellites

Si une entreprise a plusieurs sites, permettre à ses collaborateurs de travailler régulièrement ou ponctuellement depuis une succursale plus proche de leur domicile plutôt que depuis le site d’affectation initial peut être une solution intéressante pour réduire les coûts de déplacement. Ces bureaux permettent aussi à un travailleur qui doit partir en mission loin de son bureau principal de commencer ou d’achever la journée sans déplacement vers celui-ci.

Le coworking

En l’absence de bureaux satellites, les espaces de coworking peuvent aussi jouer ce rôle.

Espaces de travail équipé pour indépendants ou entrepreneurs, ils peuvent aussi accueillir les collaborateurs d’une entreprise dans une ambiance propice au travail à proximité de leur domicile et avec un accès facilité en transport en commun et moyens de mobilité douce. Le succès de la formule et le travail nomade gagnant du terrain, les espaces de coworking se multiplient en Belgique et en Wallonie et peuvent offrir aux entreprises une solution aux problèmes de déplacements de leurs travailleurs.

Pour vous aider

CoWallonia (https://www.cowallonia.be/) est le réseau des espaces de coworking wallons. Il regroupe 21 espaces répartis sur toute la Wallonie.

 

2. La marche, c’est la base

Le diagnostic fédéral sur les déplacements domicile-travail nous apprend que 1/4 des travailleurs habitent à moins de 5 km de leur lieu de travail et l’enquête Monitor sur la mobilité des Belges, que 17% des déplacements de moins de 1 kilomètre se font encore en voiture !

Valoriser la marche à pied pour ces petits trajets ou pour les premiers et derniers kilomètres lorsqu’il s’agit de les combiner avec les transports en commun est une démarche de mobilité basique à promouvoir.

Mesures qu’un employeur peut prendre pour encourager la marche :

  • Mettre à disposition des collaborateurs des itinéraires depuis la gare ou les arrêts de bus les plus proches
  • Prendre contact avec la commune si des points noirs sont constatés. L’app Fixmystreet (https://www.fixmystreetwallonie.be/accueil) permet de signaler directement des problèmes nécessitant un entretien ponctuel comme de la végétation gênante, un trou dans le trottoir…
  • Faire connaître les itinéraires en organisant sur le temps de midi, par exemple, des balades ou des joggings aux alentours de l’entreprise.
  • Organiser un challenge, un concours encourageant les déplacements à pied. Il existe des apps qui permettent d’encadrer ce genre d’initiative (formyfit : https://www.formyfit.com/)
  • Offrir un incitant (une nouvelle paire de chaussures, un vêtement de pluie, un sac à dos, des équipements réfléchissants…) aux marcheurs réguliers
  • Il est possible d’octroyer aux marcheurs une indemnité pour usage « autres moyens de transport ». Cette indemnité sera exonérée d’impôt jusqu’à maximum 430 €/an (revenu de 2022). Toutefois, l’ONSS la considérant comme une rémunération, un versement de cotisations de sécurité sociale sera exigé dans le chef des entreprises (là réside la différence avec l’indemnité vélo).

Pour vous aider :

Tous à pied travaille à développer, notamment, la culture de la marche utilitaire.

Contact : Rémy Huon – 081/390 711 – remy.huon@tousapied.be

3. Le vélo

Promouvoir les déplacements domicile-travail à vélo est une option intéressante pour les travailleurs qui habitent à proximité de l’entreprise. Jusqu’à 15 km de distance, le temps trajet reste raisonnable et l’engouement pour le vélo à assistance électrique permet de toucher un public moins sportif à la base. Le vélo est aussi à envisager en combinaison avec les transports en commun pour les premiers et derniers kilomètres. Il apporte évidemment une réponse pertinente au problème de la hausse de carburant puisque venir à vélo, ne coûte rien et même, grâce à l’indemnité, rapporte un peu d’argent au travailleur…

Le parking vélo

Disposer d’un parking vélo est un prérequis indispensable pour promouvoir le vélo dans une entreprise. Pour répondre aux besoins des cyclistes et surtout garantir la sécurité des vélos qui y sont entreposés, des critères de qualité sont vivement recommandés.

Voir à ce sujet les conseils et la vidéo que nous avons publiés sur notre site web.

Dans l’urgence de la situation, pour éviter d’attendre trop longtemps ce parking idéal (il faut en effet parfois du temps pour débloquer les financements, trouver les prestataires qui vont exécuter les travaux et la réalisation proprement dite) nous vous suggérons ici quelques solutions temporaires qui peuvent être mises en place rapidement :

  • Utiliser des barrières Nadar conventionnelles pour réaliser un parking.
  • Veloc est une solution qui permet de convertir une barrière Nadar en parking vélo 12 places. Par contre, il a une utilisation similaire à celui d’un pince-roue.
  • Louer ou acheter des barrières Nadar adaptées à la création de parkings vélos comme lesbarrières VéloCité à Liège (fournisseur : EuroSign) ou celles de Metasol.
  • Modules de parkings vélo temporaires : les exemples d’Altinnova
  • Il est aussi possible d’installer rapidement des U inversés. Il existe des modèles qui ne doivent pas être encastrés, mais simplement ancrés dans le sol. Fournisseurs : SETON, EuroSign

L’indemnité vélo

Afin d’encourager les employés à venir en vélo, il est possible de leur octroyer une indemnité kilométrique exonérée d’impôts et de charges sociales jusqu’à 0,25 €/km.

Plus d’informations : https://veloactif.be/mesures-et-incitants/fiscalite-du-velo/

Douches, casiers et vestiaires

Vous avez des douches et des vestiaires dans vos bureaux ? N’hésitez pas à communiquer à ce sujet pour inviter les cyclistes à les utiliser. Quand ils sont réservés à une catégorie de travailleurs, veillez à les rendre accessibles aussi aux cyclistes.

S’il n’y a pas de vestiaires à proprement parler, réservez un petit espace à proximité des douches pour y installer des casiers pour permettre aux utilisateurs d’y laisser leurs affaires.

Vous n’avez pas de douches ? Des alternatives peuvent être proposées comme la transformation d’une toilette PMR en toilette + douche.

Comme les parkings vélo, l’aménagement ou la rénovation de douches et vestiaires, de même que l’achat de casiers sont entièrement déductibles fiscalement.

Pour encourager vos travailleurs à essayer le vélo, des actions de sensibilisation et de mise en selle sont très utiles à organiser en entreprise. Quelques exemples :

  • Communiquer sur les itinéraires. On ne vient pas à vélo sur le lieu de travail en empruntant le même itinéraire qu’en voiture. Le cycliste privilégiera les voiries équipées de pistes cyclables, le RAVeL, les chemins de campagne, les quartiers résidentiels… Il est intéressant de demander aux cyclistes déjà connus dans l’entreprise de partager leur itinéraire. Mais il existe aussi des planificateurs de trajet qui peuvent être d’une bonne aide (Google Maps, Komoot, Naviki…).
  • Proposer des formations. Pour les collaborateurs encore peu à l’aise à vélo dans un contexte autre que la balade du week-end sur les chemins de traverse ou en vélo électrique, l’entreprise peut proposer des formations à la sécurité et à la circulation à vélo dans le trafic. Pro Velo et Vias répondent aux demandes des entreprises avec des workshops interactifs et des formations de terrain. Le Gracq en organise également durant les week-ends.
  • Organiser un bike coaching au sein de l’entreprise : des cyclistes aguerris accompagnent pendant deux ou trois jours des cyclistes néophytes sur le chemin du travail pour reconnaître avec eux l’itinéraire le plus sécurisant, rappeler les règles de sécurité, donner des conseils vestimentaires et d’équipement… D’autres activités de mise en selle, comme une balade à vélo sur le temps de midi, une arrivée en convoi de cyclistes depuis un lieu de rassemblement choisi vers l’entreprise, un team building à vélo, etc. sont des opportunités pour faire découvrir le vélo dans un contexte plus professionnel.
  • Proposer des tests de vélos électrique : permettre à vos collaborateurs de tester un vélo à assistance électriques pendant quelques jours voire quelques semaines pour ses déplacements domicile-travail peut les encourager à passer le cap et à opter pour le vélo. L’entreprise achète elle-même ces vélos qui peuvent être aussi utilisés comme vélos de service (et bénéficier ainsi de la prime wallonne) ou passer par un service de leasing de vélos.
  • Des séances d’information et de sensibilisationne sont jamais inutiles : sécurité routière, vélo et santé, comment démarrer à vélo ? Les freins au vélo, comment les lever ?…

Vélos de société

Une démarche proactive de l’entreprise pour encourager l’usage du vélo est de proposer à ses employés un vélo de société personnel. Plusieurs solutions existent :

  • L’entreprise organise un achat groupé de vélos pour ses employés. Ceux-ci achètent eux-mêmes le vélo, mais l’entreprise a souvent pu négocier un rabais sur le prix.
  • L’entreprise acquiert auprès d’un vélociste ou d’une compagnie de leasing une flotte de vélos et les propose en leasing à ses travailleurs avec la possibilité (ou non) de racheter le vélo en fin de contrat.
  • L’entreprise passe un contrat avec une compagnie de leasing qui gère elle-même avec les collaborateurs la mise à disposition des vélos.

Dans le cadre d’un leasing, le financement du vélo de société peut se faire de différentes manières :

  • L’entreprise « offre » le vélo à ses employés. Les frais occasionnés sont entièrement déductibles et aucun avantage de toute nature n’est dû si le vélo est utilisé régulièrement pour les déplacements domicile-travail.
  • L’employé finance lui-même le vélo via sa rémunération (via son treizième mois, son pécule de vacances, son budget mobilité, le Plan cafétéria, son salaire brut).
  • L’entreprise finance une partie des coûts du vélo et l’employé complète le solde.

Pour en savoir plus sur les vélos de société : https://veloactif.be/mesures-et-incitants/velos-dentreprise/

Pour vous aider :

Tous vélo-actifs est une opération de la Wallonie mise en œuvre par la Cellule Mobilité de l’UWE pour aider sur le long terme les entreprises privées et publiques à encourager l’usage du vélo pour les déplacements domicile travail. Une version START s’adresse aux PME et aux entreprises qui n’ont pas un potentiel cycliste important. L’accompagnement proposé est entièrement gratuit.

Contacts : Céline Froment – 0472/04 12 93 – celine.froment@uwe.be et Martin Musyck – 0472/04 41 82 – martin.musyck@uwe.be

4. La micromobilité

Le terme « micromobilité » regroupe plusieurs engins de déplacement : les trottinettes, les monoroues, les gyropodes, les skateboards électriques, les hoverboards…

Faciles à ranger dans un train, un bus ou le coffre d’une voiture, ils s’utilisent souvent pour réaliser les premiers ou derniers kilomètres d’un trajet en combinaison avec un autre mode de transport.

Moins chers qu’un vélo pliant, ils sont une solution intéressante pour passer rapidement à l’intermodalité. Sur la route, ces engins sont assimilés à des vélos et doivent suivre les mêmes règles.

Plus d’informations : https://www.mobilite-entreprise.be/index.php/mobilite-des-personnes/mobilite-douce/micro-mobilite/

Pour vous aider :

Plusieurs services sont à la disposition des entreprises pour réaliser in situ des tests d’engins de micromobilité :

5. Les transports en commun

En 2020 en Belgique, 93% de la population habitaient à moins de 500 mètres d’un arrêt de transport public (bus, tram, métro, train). Pour peu que l’entreprise se trouve elle aussi à proximité d’un arrêt, les transports en commun peuvent devenir des alternatives crédibles à la voiture et une réponse à la crise des prix des carburants. D’autant que l’intervention de l’employeur dans le prix des abonnements de transport en commun est obligatoire.

Les entreprises ont donc certainement un rôle à jouer pour inciter leur personnel, via quelques méthodes simples et efficaces, à les utiliser.

Quel transport en commun ?

Train, bus, bus express, tram, faisons un tour des services et incitants à disposition des entreprises.

  • Avec 262 gares desservies en Wallonie, le train est un mode de transport sûr et confortable, notamment pour de longues distances.
  • Le TEC assure près de 800 lignes de bus partout en Wallonie et 4 lignes de tram à Charleroi.
  • 25 lignes de bus Express du TEC desservent désormais la Wallonie. Elles permettent de relier une ville à une autre, rapidement et en toute sécurité, généralement là où il n’y a pas de connexion directe en train.

Toutes ces alternatives sont souvent moins coûteuses pour l’employé et l’employeur que la voiture individuelle. Comment les encourager ?

Les incitants

  • Le tiers payant est un contrat passé entre l’opérateur de transport (TEC, SNCB) et l’entreprise. Grâce à ce contrat, le travailleur ne paie que la charge qui lui incombe. Si l’employeur rembourse les transports en commun à 75%, l’employé ne devra plus payer que 25% lorsqu’il va chercher son abonnement au guichet. Les 75% restants seront automatiquement facturés à l’entreprise. Si l’employeur rembourse 100% de l’abonnement, alors 100% seront facturés à l’entreprise et l’employé ne devra rien débourser au guichet.

Via ce système, l’entreprise a accès à un portail business sur le site de l’opérateur de transport et autoriser facilement les accès aux différents types de tickets à ses membres du personnel.

  • Remboursement à 100 %. Dans certaines commissions paritaires, les règles de remboursement pour les trajets domicile-travail effectués en transport en commun sont stipulées. Cependant, ce sont toujours des montants minimums : l’entreprise peut décider de faire plus… et rembourser les abonnements à 100%, par exemple.
  • Railease est une convention que passe un employeur avec la SNCB pour permettre à ses travailleurs bénéficiant d’une voiture de société de pouvoir effectuer sur l’année 20, 40 ou 60 journées de déplacement en train (aussi avec une extension sur les réseaux De Lijn, TEC et STIB moyennant un supplément). L’offre peut être combinée avec une formule de parking à la gare. Railease est déductible à 100% et n’est pas considéré comme un avantage en nature.

Bon à savoir : grâce à un accord entre l’État fédéral et la SNCB, il existe également une convention tiers payant 80/20. Dans cette convention, si l’entreprise décide de rembourser les abonnements des travailleurs à hauteur de 80%, l’État prend en charge les 20% restants pour que les travailleurs n’aient rien à payer.

Pour vous aider :

Les offres B2B de la SNCB

BUS’ness est l’offre tiers payant du TEC : outil de gestion en ligne, facturation mensuelle centralisée et suivi personnalisé.

Contact : busness@letec.be

Communication

Comment faire passer le message ? Comment convaincre les travailleurs à essayer les transports en commun ?

  • Ambassadeurs: s’appuyer sur des navetteurs déjà existants peut être d’une grande aide : en devenant ambassadeurs des transports en commun, ces navetteurs vont plus facilement convaincre leurs collègues et leur montrer que c’est possible. Ils pourront également accompagner et coacher les travailleurs qui souhaitent se lancer. Votre personnel est votre force !
  • Accompagnement et coaching: c’est le rôle du mobility manager. Il peut en effet accompagner les futurs navetteurs en leur expliquant les démarches à effectuer pour obtenir un titre de transport, en préparant avec eux le meilleur itinéraire, etc.
  • Diffusion des lignes, arrêts et horaires de bus. Il est important de rappeler régulièrement les lignes de bus qui passent à proximité de l’entreprise et leurs horaires ; de mentionner la gare la plus proche et le temps pour la rejoindre à pied, à vélo ou en trottinette. Ces informations peuvent être diffusées sur les plateformes internes, mais également sur les écrans à l’entrée du bâtiment, par exemple.

Faciliter le premier et le dernier kilomètre

La gare ou l’arrêt de bus n’est généralement pas devant le domicile du travailleur ni devant le siège de l’entreprise. Parcourir le(s) premier(s) et/ou le(s) dernier(s) kilomètres peut être un frein à l’usage des transports en commun. L’employeur peut proposer certaines solutions pour faciliter l’intermodalité :

  • Mettre à la disposition des employés (achat ou leasing) des vélos ou des engins de micromobilité pour effectuer les premiers et derniers kilomètres qui séparent le domicile de la gare et/ou l’entreprise de la gare. Cela peut s’accompagner de formation à la micromobilité ou à la pratique du vélo dans la circulation.

Pour rappel, l’indemnité vélo peut être perçue également pour ces kilomètres, en plus du remboursement de l’abonnement en transport en commun.

  • En plus de l’abonnement de train, l’entreprise peut offrir un accès au parking SNCB de la gare la plus proche du domicile du travailleur. Pour les abonnements de stationnement, la contribution de l’employeur est toujours de 100%.
  • Pour désengorger les centres-villes, les entreprises peuvent offrir à leur personnel un accès aux parkings P+R aménagés en périphérie pour y garer leur véhicule et prendre ensuite les transports en commun pour effectuer les derniers kilomètres vers le centre-ville (P+R de Liège, P+R de Namur, P+R de Bruxelles)
  • Mettre en place une navette entre la gare et l’entreprise peut être un incitant supplémentaire pour faciliter l’utilisation du train. Cependant, c’est une mesure relativement coûteuse, qui ne peut s’improviser. Il s’agira d’abord d’évaluer le potentiel d’utilisation de cette navette ou encore de mutualiser la demande et les coûts avec d’autres entreprises à proximité.

Pour organiser cette navette, deux solutions s’offrent à l’entreprise :

  • Un opérateur privé est chargé par l’entreprise d’opérer le service. Il fournit à la fois le chauffeur et le véhicule.
  • L’entreprise achète un véhicule (100% déductible) et trouve un chauffeur parmi ses ressources internes pour effectuer plusieurs fois par jour, le trajet entre la gare et l’entreprise.

6. La voiture autrement

Le covoiturage

Le covoiturage est une mesure de mobilité qui peut être mise très rapidement en place dans une entreprise. L’avantage est qu’elle ne demande pas de compétences nouvelles pour le travailleur ni la découverte d’un nouveau mode de transport. En termes de pouvoir d’achat, c’est extrêmement efficace puisque, sans investissement de base, on peut facilement diviser ses coûts de carburant par deux (voire plus si l’on covoiture à plusieurs).

Mesures qu’un employeur peut prendre pour encourager le covoiturage :

Il s’agit d’abord de permettre aux travailleurs de trouver des collègues covoitureurs. Comment faire ? :

  • Création d’une carte des personnes intéressées. Google My Maps est un outil facile pour la création de cartes, même par un débutant. Soyez attentifs au RGPD, recueillez bien le consentement des travailleurs avant de diffuser toute information à caractère personnel. La carte peut également être mise à disposition vierge et les travailleurs viennent eux-mêmes y apposer une punaise ou gommette à l’endroit de leur point de départ (domicile en général, mais pour certains il s’agira de l’école des enfants…).
  • Mise en relation via un « speed dating ». Lors d’un temps de midi, les travailleurs intéressés sont regroupés par code postal ou région d’origine et peuvent discuter des horaires et modalités pratiques jusqu’à trouver le covoitureur pour leur siège passager.
  • Utilisation de plateformes de covoiturage. Il en existe plusieurs, avec des avantages variés :
    • Carpool.be : la plateforme de covoiturage la plus répandue en Belgique. Sa version B2C est gratuite, mais il existe aussi une version B2B pour obtenir des fonctionnalités avancées de tracking, calcul de l’avantage fiscal, soutien à la communication… En termes de matching, elle permet de trouver un covoitureur au sein de son entreprise, mais aussi dans le pool plus large des annonces de travailleurs d’entreprises proches.
    • Commuty: cette app de gestion de parking en entreprise dispose aussi d’un outil de matching des travailleurs. Si votre parking est également un point de contentieux dans votre entreprise, cette app réglera deux problèmes en une fois !
    • BlaBlaCar Daily : uniquement sous forme d’app, la plateforme bien connue du covoiturage longue distance propose cette alternative pour la courte distance. Il n’existe pas de version entreprise.

Pour soutenir la pratique du covoiturage, on peut mettre en place divers incitants :

  • Des places de parking privilégiées pour les covoitureurs. Soit de manière statique (un panneau réserve la place, seuls les covoitureurs peuvent s’y mettre. Éventuellement, contrôle avec MobiCalendar) ; soit de manière dynamique grâce aux app Izix, MyFlexiPark, Commuty, Fairpark…)
  • Proposer un système de retour garanti. Celui-ci garantit aux covoitureurs de pouvoir rentrer chez eux, dans le cas où le retour est compromis, pour raisons exceptionnelles (un enfant malade, une réunion pour le conducteur ou un passager qui dure plus longtemps que prévu, voire qui s’improvise…). Le retour à la maison est alors garanti par l’entreprise et peut se faire en taxi, avec un autre collègue, par transports en commun ou encore, avec un véhicule de l’entreprise. Cette mesure apporte un confort à l’utilisateur du covoiturage et une certaine souplesse. Elle est bien sûr soumise à des règles d’utilisation précises afin d’éviter la surconsommation de cette garantie. La pratique montre toutefois que peu d’abus sont dénombrés lorsque le système est mis en place, et qu’il est clairement contrôlé.
  • L’Avantage fiscal qui peut être calculé avec MobiCalendar et Commuty.
  • Des incitants plus ludiques tels qu’un concours photo, la distribution de goodies pour les covoitureurs…

Dans tous les cas, le facteur qui aura le plus d’impact sur votre nombre de covoitureurs sera la communication !

  • Parlez des économies sur le carburant. Soyez concret, et calculez l’économie que cela représente depuis votre entreprise jusqu’à une ville proche dont beaucoup de vos travailleurs sont issus, par exemple (voir calculateur : http://mobilite.wallonie.be/home/outils/calculateur-mobilite.html).
  • D’autres avantages peuvent également être évoqués : convivialité retrouvée après les confinements, économies de CO2, l’accès aux incitants que vous aurez mis en place, la fatigue diminuée du fait de conduire moins souvent…
  • Il s’agira aussi de répondre aux inquiétudes des travailleurs :
    • Même s’il n’est pas possible de covoiturer tous les jours, en raison de l’organisation familiale, des activités du soir, d’un temps partiel ou du télétravail, ça vaut quand même le coup de se lancer. Démarrez par un covoiturage une fois par semaine, en fonction des obligations professionnelles et privées de l’un et de l’autre, et voyez comment ça se passe avec votre covoitureur, sans pression.
    • Non, leur indemnité de déplacement n’est pas mise en péril par la pratique du covoiturage. Ils continueront tous deux (trois, quatre !) à percevoir l’indemnité comme avant. En cas de mise en œuvre de l’avantage fiscal, ils gagneront même plus !
    • Il n’y a pas d’implications en termes d’assurances : tous restent couverts par l’assurance accident du travail lors du déplacement domicile-travail, et ce même si un petit détour est effectué pour aller chercher un collègue. En outre, la RC voiture (obligatoire pour tous en Belgique) couvre tous les passagers en cas d’accident, peu importe qu’ils soient membres de votre famille, collègues, ou même auto-stoppeurs.
    • Le retour garanti, évoqué plus haut, rassurera aussi ceux qui s’inquiètent d’une perte d’autonomie en passant au covoiturage.
    • Les questions d’argent. Très souvent, si l’on est deux, on prendra la voiture chacun à son tour pour répartir les coûts équitablement. Si l’on est plus nombreux, une petite feuille Excel ou un tricount des km permettra de garder une répartition équitable des km, même en prenant en compte les congés des uns et des autres, les temps partiels, etc. Si un des covoitureurs n’a pas de voiture et qu’il est donc toujours passager, il est de bon ton de défrayer son conducteur. Cela peut se faire par une petite comptabilité réglée tous les mois (veillez simplement à ne pas dépasser le forfait légal pour ce type de défraiement soit 0,37 €/km), un plein de temps en temps, ou un autre arrangement qui convient à toutes les parties : on a déjà vu des covoitureurs se rémunérer en huile d’olive ramenée d’Italie par la famille ou bois de chauffage coupé sur la propriété du covoitureur… La seule limite est l’imagination.

L’éco-conduite

Pour ceux qui ne peuvent absolument pas se passer d’une voiture pour aller travailler, il est possible, en adaptant sa conduite et en suivant quelques principes et conseils de réduire sa consommation de carburant de près de 20% – et par la même occasion de polluer moins. Dans certaines entreprises, des cours d’éco-conduite sont depuis longtemps proposés aux collaborateurs soit de manière systématique à la la mise à disposition d’une voiture de société et d’une carte carburant, soit au cas par cas. La situation actuelle devrait accroître l’intérêt pour la formule.

Conseils à suivre pour réduire sa consommation de carburant pouvant faire l’objet d’une communication ciblée au sein de l’entreprise :

Pour vous aider :

Vias Academy propose aux entreprise deux formules d’éco-conduite :

ALD Automotive a développé un programme de formation écologiquement responsable pour accompagner les conducteurs d’une entreprise pendant un an. https://www.aldautomotive.be/fr/consultancy/environnement/ecoconduite

Avec DriveOlution, après cartographie de la flotte de véhicules de l’entreprise, un programme de formation sur mesure est proposé à l’entreprise : https://drivolution.be/fr/nos-services/voitures