La crise sanitaire du Covid-19 a véritablement créé une rupture dans notre quotidien : nos habitudes sociales en ont été affectées sensiblement, notre mode d’organisation personnelle ou familiale en est totalement chamboulé, notre façon de travailler est plus qu’impactée… et notre mobilité est, elle aussi, totalement remise en question. En effet, alors que nos motifs de déplacements se limitent désormais à l’essentiel, la situation suscite immanquablement une prise de recul sur nos comportements, en particulier sur notre mobilité domicile-travail et sur la pertinence de tous nos déplacements professionnels. De quoi faire de cette crise une réelle opportunité pour une gestion renforcée de la mobilité en entreprise ? Certainement !
Un peu de psychologie
Parce que la mobilité et le(s) mode(s) de déplacement restent une affaire propre à chaque individu, ils sont aussi le résultat d’un choix conscient ou inconscient. Du moins, ceux-ci sont rarement remis en cause dès qu’ils sont devenus de réelles habitudes. Pour envisager une éventuelle nouvelle manière de se déplacer et la rendre durable, 2 possibilités s’offrent à nous : la sensibilisation ou la rupture.
Pour un Mobility Manager, le travail de sensibilisation est une tâche de tous les jours orientée sur la durée. Il vise d’abord à contribuer à un changement de mentalité par une information argumentée en faveur de modes de transport alternatifs, avant d’inciter à une phase de test qui permettra ou non, à termes, une appropriation et une consolidation du comportement.
Le mécanisme de la rupture est quant à lui plus simple et plus immédiat. Un déménagement d’entreprise ou de domicile, un changement professionnel ou un changement de situation familiale (divorce, naissance, …) sont autant de situations qui peuvent amener une remise en question profonde et le besoin d’une optimisation du déplacement domicile-travail.
En Allemagne, patrie d'Audi, BMW et Mercedes, les recherches sur Internet concernant le vélo sont supérieures à celles de la voiture. Vélorution ?
— Adrien Lelièvre (@Lelievre_Adrien) May 1, 2020
[ Via le génial @michalnaka ] pic.twitter.com/x5f9GvjnBs
Après le confinement, les français envisagent de se déplacer davantage à pied et à vélo
— Mathieu Chassignet (@M_Chassignet) May 5, 2020
Et de se détourner de la voiture et des transports collectifs
➡️Il va vraiment falloir faire plus de place au vélo et à la marche dans tous nos territoires!https://t.co/7Mrx5pVBse pic.twitter.com/a0Y2Uyc1H8
📢 A partir du 4 mai la #SNCB mettra des mesures en place concernant l’offre des trains, le port du masque, l’achat et la possession d’un titre de transport, le nettoyage des trains et des gares pour vous permettre de voyager en toute sécurité 👉 https://t.co/Lj68Ak1iBr #MoveSafe pic.twitter.com/e8E5FW4U08
— SNCB (@SNCB) April 27, 2020
Tous les conseils de :
- SNCB : https://www.belgiantrain.be/fr/news/coronavirus
- TEC : https://www.infotec.be/fr-be/minformer/actualit%C3%A9s/d%C3%A9tails.aspx?idnews=12261#
- Villo – vélos en libre service : https://www.facebook.com/villo.brussels/videos/3069963839749437/
- Cambio – Voitures partagées : https://www.facebook.com/cambiowallonie/posts/1296979587176306
Saisir l’opportunité !
C’est le moment, c’est l’instant ! Dans ce contexte inédit, nous sommes contraints de repenser notre façon de travailler ou de rejoindre notre lieu de travail. Le télétravail s’est donc imposé à toutes les fonctions compatibles. La vidéoconférence est devenue du jour au lendemain la norme. Le vélo et la marche s’avèrent aussi être la solution rassurante pour éviter les contacts et faciliter le respect de la distanciation sociale dans les transports publics. Il est donc essentiel de saisir maintenant la balle au bond pour faire en sorte que l’ « expérience utilisateur » soit la plus positive possible et que ces nouvelles pratiques soient renforcées au sein même des politiques (de mobilité) des entreprises.
Avant la crise du Coronavirus, le SPF Mobilité et Transports estimait que le télétravail était utilisé seulement dans 17% des cas alors qu’il pouvait concerner 42% des travailleurs. Nous avons donc atteint par la force des choses le maximum de ce potentiel à l’heure actuelle. L’impact sur les déplacements domicile-travail est par conséquent sans appel puisque l’on estime que 23 millions de kilomètres seraient ainsi évités quotidiennement en Belgique (la grande majorité en voiture). Par ailleurs, ces diminutions drastiques génèrent également des impacts positifs sur la qualité de l’air, le bruit, mais encore la sécurité routière.
Même si elle est extrême par sa longueur, l’expérience unique vécue pour l’instant par de nombreux travailleurs permettra certainement de faire sauter les derniers a priori négatifs qui persistaient encore aussi bien chez eux que chez leur employeur. Certaines entreprises en prennent déjà pleinement la mesure et ont déjà annoncé leurs souhaits de généraliser le télétravail ou d’en étendre sa fréquence pour les fonctions compatibles.
Si cette tendance devait se généraliser suite à cette crise, le télétravail, même à raison d’un à deux jours par semaine, suffirait à lui seul à réduire drastiquement la congestion et atteindre des objectifs de diminution des émissions des gaz à effet de serre.
En savoir plus : https://www.mobilite-entreprise.be/index.php/mobilite-des-personnes/travail-a-distance/
Dans la famille du travail à distance, le coworking a aussi son épingle à tirer du jeu dans le contexte de la crise sanitaire. Si le télétravail a pu convaincre qu’il était possible de maintenir un niveau de productivité et un contact aisé grâce aux outils de télécommunication, le coworking a des raisons d’être envisagé tout aussi sérieusement. Ces tiers-lieux sont, de fait, d’excellents compromis entre le bureau et le domicile pour assurer des conditions de travail de qualité professionnelle. Cette solution peut d’ailleurs s’envisager de manière complémentaire au télétravail au cours d’une même semaine.
Sur le plan de la mobilité, les espaces de coworking sont aussi un moyen à envisager pour réduire les distances domicile-travail et encourager la mobilité douce. En effet, d’après une enquête (2018) de Digital Wallonia, les utilisateurs des espaces de coworking s’y rendent pour 16% à pied, 14% à vélo, 5% en bus et 5% en train, soit bien moins d’autosolistes que la moyenne à destination des entreprises. Soit, encore une corde de plus à l’arc du mobility management !
En savoir plus : https://www.mobilite-entreprise.be/index.php/mobilite-des-personnes/travail-a-distance/
La promotion d’une mobilité individuelle non motorisée comme le vélo fait pleinement partie des stratégies de déconfinement. Elle s’adresse à ceux qui avaient l’habitude de prendre les transports en commun ou qui effectuaient de petites distances seuls en voiture pour aller travailler. En effet, le vélo permet de se déplacer en respectant des distances de précaution. Mais faire du vélo est aussi une activité physique qui améliore la santé de ceux qui la pratiquent.
Dans ce contexte particulier, le vélo répond à deux impératifs du déconfinement puisqu’il évite la saturation des transports en commun et le retour massif des embouteillages En Belgique, 12% des déplacements domicile-travail de moins de 5 km se font en transport en commun et 55% en voiture. Sur cette distance (et même jusqu’à 15 km), le vélo est une alternative crédible. En mode pliant et en combinaison avec un parking relais, le vélo peut aussi concerner les navetteurs qui doivent entrer en ville.
La période que nous vivons est donc propice, là aussi, au renforcement des déplacements à vélo dans le cadre des trajets domicile-travail. En effet, l’intérêt pour la petite reine n’a jamais été aussi important, principalement dans les villes. La fréquentation des vélos en libre-service en est une illustration marquante. Ici et là, les autorités locales profitent de la situation inédite pour accélérer sensiblement le développement de l’infrastructure cyclable et piétonne au profit de ses utilisateurs, le tout dans un esprit de réappropriation et de valorisation de l’espace public. Les entreprises ont donc, là encore, un rôle à jouer pour accompagner ce changement à travers la mise en place d’incitants pour faire durer le plus longtemps possible cet effet positif au profit de la mobilité active.
Illustration d’une initiative française
S’il y a bien un outil dont on parle depuis longtemps comme une solution technique pour éviter les déplacements, c’est bien la vidéo ou la visioconférence. Celle-ci était jusqu’alors trop peu valorisée dans la sphère des entreprises, aussi simple d’utilisation soit-elle. Le blocage résidait probablement bien plus dans des considérations d’ordre psychologique que des aspects d’ordre technologique. En effet, une crainte pour la perception de l’image de l’entreprise pouvait peut-être encore demeurer par rapport à un échange en présentiel.
Bref, au même titre que le télétravail s’est imposé à nous de manière brutale, la vidéoconférence est à son tour devenue la nouvelle norme. Expérience faite, son usage est à reconsidérer sérieusement en entreprise essentiellement pour diminuer, voire éviter, les déplacements professionnels non essentiels, mais aussi leurs temps et leurs coûts.
Ne perdons pas de vue non plus qu’un déplacement professionnel évité peut avoir aussi une répercussion positive sur le choix du mode utilisé pour le trajet domicile-travail.
En savoir plus : https://www.mobilite-entreprise.be/index.php/mobilite-des-personnes/travail-a-distance/
D’autres moments clés
Même si la contrainte du coronavirus impacte maintenant de manière importante nos réflexions autour de nos déplacements, en termes de mobility management, d’autres moments propices à venir seront utiles pour poursuivre cette remise en question et confirmer de nouveaux comportements :
L’enquête fédérale 2020 sur les déplacements domicile-travail
La Semaine de la Mobilité 2020
Des outils concrets pour structurer et accompagner vos démarches
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