Colette Pierard Aucun commentaire

Pour augmenter la part modale de la marche de 3 à 5% d’ici 2030 (Vision Fast 2030) et redonner à ce mode de transport toute la place qui lui revient à une époque où la mobilité se doit d’être plurielle, la Wallonie s’est dotée d’un « Plan Wallonie piétonne 2030 ». De quoi s’agit-il ?

C’est écrit noir sur blanc dans le Plan : la marche est « le premier mode de déplacement. Tout le monde est appelé à marcher, même lors d’un déplacement en voiture, pour effectuer les premiers mètres vers le véhicule ou les derniers jusqu’au lieu de destination. Il est également totalement complémentaire avec les autres modes de transport collectifs, car la marche à pied est toujours utilisée lors d’un déplacement en début de parcours pour se rendre à un point d’arrêt de transport, au milieu du parcours pour effectuer une correspondance et à la fin du parcours pour se rendre à la destination finale. Réaménager les espaces en faveur des piétons revient donc à améliorer les performances du système de transport alternatif à la voiture individuelle basé sur l’intermodalité. De plus, la marche partage, avec le vélo, le grand avantage de la fiabilité du temps de parcours. »

La marche étant le premier (et le plus naturel) des moyens de locomotion des personnes, il faut l’encourager en rendant au piéton sa place dans l’espace public. L’objectif du Plan Wallonie piétonne est donc de permettre un report modal vers la marche pour des distances inférieures à 2 km, voire à 5 km et de rendre sa pratique à la fois possible, sûre, confortable et normale pour toutes et tous. Il était temps. Le premier baromètre piéton organisé à l’échelle de la Belgique en 2023 démontre un appréciation globale très moyenne pour la marchabilité des communes belges. Il y a beaucoup de choses à améliorer, d’autant que les avantages de la marche sont nombreux !

Les avantages de la marche

C’est bon pour la santé. Mode actif par excellence, pratiquer la marche permet de répondre aux recommandations de l’OMS qui préconise 30 minutes d’activité physique par jour. La marche a donc un impact sur l’obésité, les maladies cardio-vasculaire, le diabète, etc. et permet ainsi de faire des économies dans les soins de santé. Elle peut être vue aussi comme un sport accessible à tous, qui comporte peu de risques et qui influe aussi sur le bien-être de celui/celle qui la pratique.

C’est bon pour l’économie. La marche est importante pour le commerce local et le tourisme de proximité. Elle contribue aussi au maintien, à la réhabilitation et à l’entretien des chemins et sentiers ; et favorise la découverte du patrimoine naturel et bâti. Elle permet aussi à ceux qui la pratiquent, de se déplacer gratuitement.

C’est bon pour l’environnement puisque la marche est un mode de déplacement qui ne nécessite aucune énergie, qui ne pollue pas et qui participe ainsi à la décarbonation voulue par les autorités européennes, belges et wallonnes. En outre, favoriser la marche, c’est créer, dans les villes notamment, un environnement plus convivial, plus agréable.

C’est facile et prévisible. Marcher pour se rendre quelque part est totalement indépendant des conditions de circulation et des embouteillages. Le temps de parcours est toujours le même, donc prévisible et sans stress. Pour les travailleurs, cela signifie arriver toujours à l’heure.

 

Le Plan Wallonie piétonne se déploie en 4 volets

  1. Assurer la gouvernance. Assurer l’organisation et la mise en œuvre du plan, les moyens financiers et humains, le suivi des actions. Autrement dit, veiller à intégrer les enjeux de la politique piétonne dans toutes les politiques et dans le quotidien des décideurs et des personnes qui mettent en place les mesures visant à faciliter les déplacements à pied.
  2. Se déplacer à pied. Mettre en place et maintenir des aménagements en faveur de la marche afin d’obtenir un vrai report modal. C’est là que les investissements doivent être prioritaires.
  3. Offrir des services pour accompagner les groupes cibles (communes, écoles, entreprises, public précarisé…) pour permettre à chacun de se déplacer à pied en sécurité et de manière autonome dans l’espace public.
  4. Communiquer sur la politique piétonne pour sensibiliser et récompenser les piétons, encourager les piétons hésitants, et convaincre les piétons potentiels. La perception quant à la marche et aux enjeux piétons des publics cibles doit évoluer et les actions qui favorisent la marche en Wallonie doivent être mieux connues.

Épinglé dans le Plan Wallonie piétonne

Volet 1 : Il est nécessaire d’intégrer les enjeux de la marche dans les programmes de mobilité durable destinés aux entreprises, aux communes, aux villes, aux régions…Dans ce contexte, pour développer chez les employés l’usage de la marche en sécurité, les référents mobilité dans les entreprises doivent acquérir les compétences nécessaires pour convaincre de l’intérêt d’une autre mobilité dans les déplacements domicile-travail (et professionnels) et de l’importance de proposer des services en la matière. La formation Mobility Manager, mais aussi d’autres formations de reconversion professionnelle ou celle de conseiller en environnement, etc. doivent intégrer dans leur programme cette dimension.

Volet 2 : Définir des réseaux piétons utilitaires et récréatifs pour offrir à ceux qui se déplacent à pied une amélioration significative de leurs conditions de déplacement. Ainsi, une réflexion doit être menée pour faciliter et améliorer l’accessibilité piétonne vers différents types de pôles comme les écoles, les entreprises et les lieux d’intermodalité comme les gares, les arrêts TEC, les mobipôles, les mobipoints… Bref, créer un véritable réseau piéton de desserte locale.

Volet 3 : Développer les actions de promotion des déplacements à pied en entreprise pour mieux faire prendre conscience aux employeurs et employés du potentiel de déplacements à pied et de leurs nombreux avantages.

Téléchargez le  Plan Wallonie piétonne 2030