Olivia Boever Aucun commentaire

Chaque année, la société de services RH Acerta réalise et publie un baromètre de la mobilité des travailleurs en Belgique. En se basant sur les données salariales de ses clients, soit 40.000 employeurs du secteur privé employant 340.000 personnes, Acerta analyse quelles indemnités de déplacement domicile-travail sont octroyées, en déduit une approximation de la part de chaque mode de transport et étudie des tendances qui en découlent. Quels enseignements en tirer pour les entreprises ? On fait le point.  

Voiture et voiture de société

Bien qu’elle reste le mode de transport le plus utilisé, la voiture perd (un peu) en part modale : 77,7% des trajets domicile-travail sont effectués en voiture ou combinent la voiture et un autre mode, contre 78,3% il y a un an. Cette tendance avait déjà été observée l’an dernier. On voit surtout que la voiture est plus souvent combinée à d’autres modes de transport : les trajets exclusivement réalisés en voiture sont passés de 57,6% à 54,3%.  

Autre constat : de plus en plus d’employés bénéficient d’une voiture de société. Et cette flotte de voitures de société s’électrifie progressivement : 10% des voitures de société sont actuellement électriques (x3 par rapport à 2022) et 17% sont hybrides (contre 9,9% en 2022). Ce sont des progressions considérables, poussées dans le dos par la loi pour le verdissement fiscal et social de la mobilité. Le nombre de voitures de société roulant au diesel a d’ailleurs fortement baissé.

Au vu de ces chiffres, on ne peut que faire un parallèle avec l’actualité de ce début d’année concernant les voitures de société et leur ATN. En effet, puisque les nouvelles immatriculations concernent de plus en plus des voitures électriques, la valeur de référence des émissions de CO2 diminue fortement. L’ATN des voitures thermiques, tenant compte de la différence entre les émissions de la voiture choisie et la valeur de référence, devait significativement augmenter en ce début d’année. Mais la formule de calcul de l’ATN fut finalement modifiée in extremis par le gouvernement, pour ne pas trop pénaliser les travailleurs disposant encore de ces voitures. On comprend tout de même qu’à l’avenir, les voitures ayant des valeurs d’émissions élevées auront moins de succès auprès des employés. 

Vélo

Cette baisse de l’utilisation de la voiture s’est faite au profit du vélo : 15,3% des travailleurs utilisent exclusivement leur vélo pour aller travailler. Ce pourcentage est en croissance. Mais le chiffre à retenir est celui de l’intermodalité : 22% des travailleurs combinent le vélo et la voiture. Et 1,3% des travailleurs combinent vélo et transports en commun.  

Transports en commun

Bien que la part des trajets effectués en transport en commun (train, tram, bus) diminue très légèrement, passant de 5,8% à 5,7%, on peut se réjouir de savoir que leur fréquentation est revenue au niveau d’avant Covid. La baisse est attribuée au télétravail. 2,7% des travailleurs combinent les transports en commun avec un autre mode (0,9% avec la voiture ; 1,3% avec le vélo comme précisé à gauche et 0,5% avec le vélo et la voiture).  

A retenir

Ces chiffres nous révèlent une tendance importante qui va ne faire que grandir ces prochaines années : le succès de l’intermodalité auprès des travailleurs. La liberté de pouvoir changer de mode de transport selon les jours et les boins, et de pouvoir combiner plusieurs d’entre eux est une pratique qui permet de réduire l’utilisation de la voiture.

On ne peut qu’encourager les employeurs à suivre cette tendance et à proposer cette flexibilité dans la mobilité de leur personnel. Cela peut se faire avec le budget mobilité pour les personnes éligibles à une voiture de société, avec un plan cafeteria ou simplement avec la possibilité de déclarer plusieurs modes de transport et de profiter des indemnités qui en découlent (voir le comparatif des différentes solutions multimodales).

D’après Acerta, l’augmentation de la part modale du vélo serait liée au nombre croissant d’entreprises qui proposent des leasings de vélos. Ce système très populaire dans le privé car il ne donne pas lieu à la création d’un avantage de toute nature est désormais opérationnel dans le secteur public en Flandre et se lance le sud du pays. Les gouvernements fédéraux et régionaux participent à l’effort pour un report modal, en augmentant encore les plafonds d’indemnités (voir toutes les nouveautés mobilité en place depuis le 1er janvier 2024).

Bref, la flexibilité et la multimodalité sont les mots-clés de vos futures politiques de mobilité.